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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 22:06

Nous reproduisons ci-dessous un billet sur la liberté d'expression à propos de Robert Brasillach, publié par "Mister Arkadin" sur un blog consacré au cinéma.


Le 6 février 1945 était exécuté le critique et historien du cinéma Robert Brasillach. Chaque année, une messe est donnée en sa mémoire à l'église Saint-Séverin (près de Saint-Michel), à laquelle sont associés les noms de sa sœur, l'admirable Suzanne Bardèche, et du co-auteur de la première grande histoire générale du cinéma parue en France, Maurice Bardèche.

 

Je m'y suis rendu ce midi, je l'avouerais moins par convictions que pour l'opportunité d'y croiser, pas très loin du lieu de mon gagne-pain, quelques amis cinéphiles. Cela m'a permis d'apprendre qu'une émission récente de Radio Courtoisie avait causé quelque émoi parmi les "Amis de Robert Brasillach". Dans le "Libre journal de Martial Bild" du mercredi 4 février, un certain Pierre de Laubier, libraire si je ne me trompe, a utilisé le quart d'heure de sa « chronique culturelle » pour démolir l'œuvre littéraire de Robert Brasillach. Mièvrerie, écriture désuète, banalités psychologiques, dialogues trop recherchés dans la bouche de jeunes gens et, au contraire, retenue et maîtrise trop grande de leur corps, etc. On aurait dit de l'Anne Simonin sur France Cul !

Je comprends que l'on puisse estimer que si, sur Radio Courtoisie même, qui se veut la « radio de toutes les droites et de tous les talents », on dénigre Brasillach en ne lui reconnaissant du bout des lèvres qu'un petit talent de critique, la cause d'un jugement serein sur la littérature, sachant faire le départ entre les options idéologiques d'un auteur et ses romans ou poèmes, par exemple, est bel et bien perdue. Pour ma part, je ne saurai trop féliciter Martial Bild d'avoir laissé son chroniqueur exprimer longuement et sans être interrompu son point de vue, même si celui-ci relève en l'occurrence du cliché. J'ai écrit ici qu'Un barrage contre le Pacifique était l'un des rares livres "potables" de Duras. J'avais d'abord écrit "bons" livres, en me félicitant de pouvoir apprécier le roman, lu adolescent, d'un écrivain colonialiste et vichyste qui m'est très antipathique. À la relecture, je me suis dit que, si l'on avait été jusqu'à envisager le Nobel pour l'auteur d'un roman aussi médiocre, Béraud et Brasillach n'était décidément pas de si mauvais écrivains ! Pour autant, ce genre de prises de position allant à l'inverse de ce que l'on pourrait attendre sur Radio Courtoisie, beaucoup moins rare qu'on pourrait le croire, montre indubitablement que cette chaîne n'est pas le bloc monolithique de pensée réactionnaire, voire fasciste, que dénoncent ses ennemis, voire ceux qui ne l'écoutent pas de peur d'être contaminés par la peste brune (cette dernière se transmettant par les ondes - les champs électromagnétiques ne provoquaient déjà pas bien assez de dégâts...). D'une certaine manière, Radio Courtoisie donne ainsi une idée de la liberté d'esprit qui existait encore plus ou moins en France jusqu'aux années 1970, quand deux pages pouvaient être consacrées à Brasillach dans « Le Monde des livres » ou quand l'on pouvait trouver quelques-uns de ses livres sur les stands de la Fête de L'Huma.

Aujourd'hui, non seulement il n'est plus dit que du mal de Brasillach sur toutes les antennes, excepté de temps en temps Radio Courtoisie (et encore, pas toujours, nous venons de le voir), mais, progressivement, il n'est plus guère cité que comme l'une des figures mythiques du mal absolu, dont on se dispense complètement d'examiner l'œuvre. Il convient par conséquent de saluer le travail de fourmi fourni par l'association des Amis de Robert Brasillach (ARB) et de son président Pascal Junod, qui reprennent tout ce qui s'écrit sur lui. Ce qui me fait dire à ceux de mes amis qui s'étonnent que j'y contribue de temps en temps : « les cahiers et bulletins des ARB sont de loin les publications où l'on peut lire le plus de propos défavorables à Robert Brasillach, puisqu'on y reprend, autant que possible, tous ceux qui paraissent dans la presse ! » Aussi est-ce avec plaisir que je prépare pour les ARB un nouveau dossier sur l'histoire du cinéma de Bardèche et Brasillach, dans lequel on retrouvera André Maurois et Pierre Bost, Claude Jamet et Alice Kaplan, les deux François, Vinneuil et Truffaut (ces deux noms ne sont associés ni forfuitement ni pour médire de l'un ou de l'autre), Henri Langlois et Georges Sadoul, Henri Agel et Vincent Pinel, entre autres. Tous ne sont pas du même avis sur l'apport de B/B à l'histoire du cinéma... et c'est tant mieux !


En complément, des enregistrements de l'émission de Martial Bild :

- au début de la première partie, l'animateur lit un poème de Fresnes (« Aux morts de février ») ;

- dans la seconde, des minutes 54 à 74, Pierre de Laubier exprime de vives réserves sur l'œuvre de Brasillach, auxquelles ne souscrit pas Martial Bild, ni quelques auditeurs.

Le lendemain, Anne Brassié a donné son point de vue sur cette "affaire" dans son émission « Les Livres en poche », parlant joliment de l'amour comme d'un « acte grave et magnifique », ce qu'a approuvé son invité, Dominique Paoli (entre le milieu de la neuvième et le milieu de la onzième minutes d'enregistrement).

Par ailleurs, puisque j'ai évoqué incidemment Katyn, auquel renvoie le lien sur Un barrage contre le Pacifique, je signale qu'un reportage radiophonique où l'on entend brièvement Robert Brasillach, retour de Pologne, a été diffusé récemment sur France Culture dans « Concordance des temps » (merci à la personne qui m'a très aimablement transmis cet enregistrement, diffusé dans une précédente émission de radio).

 

Publié par ARB - dans REVUE DU NET